Le Vietnam est placé au premier rang des pays consommateurs de bière au monde. Mais son vin, qui partage les avis à travers le Vietnam et au-delà de ses frontières, est une fierté nationale. Outre son goût, le vin de Dalat est remarquable par son histoire qui mêle deux cultures, française et vietnamienne.
La colonisation de l’Indochine commence en février 1859 : les Français prennent d’assaut la citadelle de Saigon. Les Vietnamiens n’ont pas le choix, ils doivent définir des accords pour traiter avec les Français. En juillet 1862, c’est chose faite. Les conditions de la présence française en Cochinchine sont définies. C’est avec du cidre que les colons de l’Hexagone commencent leur production de boisson alcoolisée.
Dans les années 1880, les premières vignes sont plantées en Indochine. Les Français expatriés aimeraient bien réussir à introduire leur production sur le marché français. Mais ce dernier est déjà bien encombré par les grands crus. Pas facile donc de se faire une place au soleil. Cependant, les producteurs d’Indochine ne renoncent pas. Ils s’aperçoivent que la mousson rend impossible la création de vignobles dans les plaines.
Après quelques ratés, ils finissent par dénicher la ville de Dalat, une station d’altitude perchée dans les montagnes. Son climat tempéré est idéal pour les vignobles. Elle devient la capitale du vin vietnamien. Celui-ci est principalement produit dans la région de Ninh Thuan (90% de la production), à quelques encablures de Dalat, entre la ville et le littoral.
À l’heure actuelle, le Vietnam produit 10 millions de litres par an, et se trouve ainsi en marge de la production mondiale de vin (248 millions de litres par an en 2012). Il produit essentiellement du vin de table à base de raisin, mais il est aussi possible de trouver du vin de litchi, d’abricot ou de pomme. Côté vin traditionnel, le Cardinal est utilisé à hauteur de 99%. À cela s’ajoutent quelques hectares de Chambourcin et de Syrah, deux cépages français de raisin noir.
À l’origine, tous ont été importés de France sous la surveillance de l’Institut technique de la Vigne et des vins. Depuis peu, de nouvelles variétés australiennes sont en passe d’être introduites au Vietnam.
Très souvent, les vignes sont installées sur des pergolas pour les protéger du trop fort ensoleillement et de l’humidité des sols. Mais elles peuvent également être cultivées en terrasse. Les plants sont généralement entretenus par de petits propriétaires terriens qui revendent par la suite aux grands producteurs basés à Dalat ou à Hanoi. Au total, seuls 3 000 hectares vietnamiens sont occupés par la production du vin, soit 300 à 400 fois moins que les gros producteurs mondiaux.
Le Vietnam a exporté 14 millions de bouteilles en 2010. Ses principaux clients : la Thaïlande, avec 0.10 million de dollars, le Cambodge et la France avec tous deux 0.4 million de dollars. Ces chiffres ne font cependant pas de cette activité une part prépondérante du PIB.
Il est certain que la consommation en vin des Vietnamiens augmente chaque année. En 2014, 600 millions de litres ont été consommés soit 6,5 litres par habitant. Il existe deux catégories de consommateurs. La première comprend les classes supérieures locales, les hommes d’affaires en déplacement et les expatriés qui se tournent vers du vin de qualité. La deuxième rassemble les habitants vietnamiens de classe moyenne qui s’orientent, eux, vers des alcools locaux.
La commercialisation du vin de Dalat se fait par divers canaux. Elle s’exerce majoritairement par le biais de restaurants, de bars et de cavistes qui champignonnent dans les grandes villes comme Hô Chi Minh-Ville. Cependant les vins étrangers à renommée internationale rendent la percée du vin de Dalat incontestablement plus difficile sur le marché.