« Au tournant du 20e siècle, la province de Nam Dinh, dans le nord, est un mélange permanent d’influences vietnamienne et française. Les maisons locales et les marchés des Vietnamiens se trouvent dans les mêmes villes que les grandes structures européennes, cependant, ils sont relégués dans des quartiers séparés. »
Source : Saigoneer, 20 Vintage Postcards of Turn-of-the-Century Nam Dinh Province
Au tournant du 20e siècle, le Vietnam (qui ne porte pas encore ce nom) est une colonie française divisée en trois grandes régions : la Cochinchine au sud, l’Annam au centre, et le Tonkin au nord. Les 20 cartes postales anciennes réunies dans l’article du Saigoneer montrent la province de Nam Dinh, qui se situe à environ 100 km de Hanoi, dans le Tonkin. Elles datent de la fin du 19e – début du 20e siècle.
En noir et blanc ou colorisées, ces anciennes cartes postales décrivent les lieux et la vie quotidienne des habitants. Il est intéressant de voir le mélange des bâtiments à l’allure très occidentale, et les locaux effectuant des gestes plutôt ruraux, ou du moins traditionnels. Bien que les quartiers « indigènes », comme ils sont appelés dans les légendes, et les quartiers coloniaux soient séparés, ces cartes postales montrent l’influence des deux cultures. On y voit par exemple une église mais aussi une pagode, une procession bouddhique et une procession catholique pour la Pâques. La province de Nam Dinh étant située au bord de la mer, dans le Golfe du Tonkin, l’eau est très présente sur les cartes postales : le port, un arroyo, la rivière, les quais, etc. Et pour tous les philatélistes, ces images montrent également une belle collection de timbres d’époque, estampillés « Indochine Française » !
L’une des cartes postales porte la légende « Lettrés au concours ». Elle représente une caractéristique typique de la société vietnamienne (qu’on appelle alors « annamite ») de l’époque. Il s’agit du recrutement des mandarins, la classe sociale la plus élevée, qui secondent l’empereur dans les tâches administratives. À peu près tous les trois ans, un concours est organisé par le gouvernement pour recruter les mandarins. Ces concours, qui durent environ cinq semaines, sont extrêmement difficiles et très fortement surveillés. Le but : sélectionner des hommes savants, instruits et vertueux. Les lettrés qui échouent au concours se consacrent à l’éducation. Ces concours, dont l’origine vient de Chine, ont été définitivement abolis au Vietnam en 1919.