Si l’on devait associer l’Asie à une pierre, il s’agirait bien du jade. Évoquant tantôt la magnificence des dynasties chinoises, tantôt la spiritualité profonde de ces contrées, le jade est un matériau symbolique de l’Extrême-Orient. Retour sur la pierre que l’on surnomme « l’or vert ».
La Chine constitue sans doute l’un des pays les plus consommateurs de jade et ce, depuis des siècles. Le pays bénéficie de gisements de néphrite, dans lesquels il a puisé tout au long de son histoire. La néphrite ne doit pas être confondue avec la jadéite. Bien plus chère et précieuse, la jadéite se trouve dans des gisements au Myanmar, en Haute Birmanie.
Bien que très différentes en termes de composition chimique, les deux pierres se ressemblent à s’y méprendre. Vous imaginez le jade comme une pierre verte ? En fait, la jadéite à l’état pur est transparente. Mais elle peut revêtir des couleurs très variées en raison des impuretés présentes dans sa composition.
La symbolique du jade est ancrée dans la tradition chinoise. Les écrits confucianistes d’abord puis, plus tard, Xu Shen (58-147) et son dictionnaire, attribuent cinq caractéristiques à la pierre, et qui correspondent aux cinq vertus qu’un sage doit présenter : la brillance / la bienveillance, la transparence / la droiture, la sonorité / l’intelligence, la dureté / la bravoure, la forme arrondie / l’intégrité.
Le jade est utilisé dans l’Antiquité chinoise dès le Néolithique, au milieu du 4e millénaire avant J.-C. Il sert à créer des armes ainsi que des bijoux, qui appartiennent aux plus puissants de l’époque. Il constitue donc un marqueur social mais est aussi utilisé dans les rituels. Dans ce contexte, il représente un intercesseur entre le Ciel et la Terre, et permet de communiquer entre les deux mondes. Il symbolise l’immortalité et tient une part prépondérante dans le mobilier funéraire.
Preuve en est avec les costumes faits de plaquettes de jade et cousus de fils d’or, d’argent, de cuivre ou de soie, retrouvés au cours du 20e siècle dans des sépultures royales.
Si ce matériau prend une telle importance en Asie, et plus particulièrement en Chine, c’est en premier lieu parce qu’il est rare à trouver ; comme le dit la célèbre maxime, « tout ce qui est rare est cher ».
En outre, il nécessite un travail très laborieux. Sa dureté empêche toute possibilité de le tailler au moyen d’un outil en métal. Les artisans doivent donc s’armer de patience et d’instruments spécifiques pour le forer, le meuler et le polir. D’où sa grande valeur et sa préciosité.
Au fil des siècles, la dimension symbolique attribuée au jade s’estompe pour devenir davantage un objet de décoration, notamment durant les dynasties Qin et Han (3e siècle av. J.-C.). Aux yeux des Chinois, il reste aujourd’hui un matériau doté de qualités spirituelles.
Pour les voyageurs, le jade représente la pierre de l’Asie par excellence. Beaucoup d’entre eux souhaitent en acheter lors de leur voyage. Mais les faux inondent le marché, et seuls les experts, avec un matériel adapté sont en mesure de reconnaître du jade véritable.